Sous un ciel gris de Butembo, un voiture blanche chargée de vivres et d’espoirs prend la route du nord. À son bord, une délégation de la Dynamique des Femmes pour la Bonne Gouvernance (DYFEGOU), décidée à rejoindre Mbau, une localité meurtrie du territoire de Beni. Leur mission est de tendre la main aux femmes rescapées des atrocités des ADF et victimes de violences sexuelles, dans le cadre d’un vaste programme d’autonomisation des femmes survivantes.
Ce mercredi 15 octobre 2025, l’agglomération de Mbau a ainsi accueilli cette délégation féminine venue à la rescousse d’une vingtaine de survivantes, longtemps abandonnées à leur sort après avoir échappé aux mains des rebelles. Ces femmes vivent encore dans une précarité extrême, marquée par la stigmatisation, l’isolement social et l’absence de soutien.
« Notre but est de les aider à se relever… »
Cette acte philantropique de la Dyfegou n’est pas la première. Depuis des années, elle vient à l’aide de ces femmes qui vivent dans des conditions difficiles dans cette partie de la province.
« Ces femmes ont traversé l’indiscriptible. Notre but est de les aider à se relever, à retrouver leur dignité et surtout leur autonomie financière », confie une représentante de la DYFEGOU, au moment lors d’une séance d’échange de ce mercredi.

Au micro de Jackson sivulyamwenge de la voix de L’UCG, les anciennes bénéficiaires ne cachent pas leur gratitude. Certaines racontent, la voix tremblante mais le regard plein de fierté, comment une petite aide a changé le cours de leur vie.
« J’étais marginalisée. Aujourd’hui, je vis mieux. Grâce à l’appui de la DYFEGOU, j’ai pu lancer une petite activité. Avec seulement 2 000 francs au départ, j’ai commencé par vendre des arachides, puis des ananas. Maintenant, je vends de l’huile de palme et des balais. DYFEGOU m’a formée et appuyée avec 50 dollars, ce qui m’a permis d’épargner et d’investir. J’ai même construit une maison à Mbau », confie l’une des bénéficiaires.
Une autre femme témoigne de son parcours inspirant.
« Avant, je préparais de petites quantités de riz et de haricots. Grâce à un appui de 30 dollars, j’ai pu élargir mon activité et proposer de la viande. Mon petit restaurant attire aujourd’hui plus de clients. DYFEGOU m’a ensuite donné 20 dollars que j’ai placés dans une AVEC. »

L’appui de la Dyfegou n’est pas seulement financier.
Ces survivantes affrontent encore des défis multiples : psychologiques, gynécologiques, familiaux et économiques. Pour la DYFEGOU, une prise en charge holistique demeure essentielle pour assurer leur réinsertion durable. L’organisation encourage la création d’associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC) et facilite l’integration des beneficiaires, afin d’aider ces femmes à renforcer leurs activités génératrices de revenus.

Au-delà de cette assistance, la DYFEGOU appelle les autorités à agir pour un retour effectif de la paix dans la région de Beni. Elle plaide également pour un meilleur accès aux microcrédits et une implication accrue de l’État et des partenaires dans l’accompagnement de ces femmes vulnérables.
Notons que des activités similaires avaient déjà été organisées le 11 octobre 2025 à Butembo, où 23 femmes ex-otages et victimes de violences sexuelles des ADF et M23 avaient également bénéficié de l’appui de la DYFEGOU.
Patrice KOKOTA.
