Butembo, 31 janvier 2025 – Les rideaux sont tombés sur les deux journées de ville morte décrétées par la synergie des mouvements citoyens et groupes sociaux en soutien aux FARDC et aux Wazalendo, engagés sur le front contre l’agression rwandaise. Si cette mobilisation a paralysé une grande partie des activités économiques, certaines vendeuses de vivres, bien que touchées par des pertes, estiment que cet effort collectif en valait la peine au nom de la solidarité.
Durant ces deux jours, la ville de Butembo a connue une paralysie quasi totale. Banques, écoles, commerces et services ont baissé leurs rideaux. Seuls quelques vendeurs de produits vivriers sont restés actifs, témoins d’un marché au ralenti où la demande était faible. « Nous savions que la population allait avoir besoin de nourriture, mais l’affluence n’était pas la même. Beaucoup ont préféré rester chez eux, et plusieurs produits ont fini par pourrir », raconte Marie, vendeuse de légumes sur l’avenue Ruwenzori.

Cette situation a particulièrement affecté les commerçantes de produits périssables, contraintes de jeter une partie de leur marchandise invendue.
Des pertes économiques, mais une cause juste.
Si l’impact financier de ces journées de grève est indéniable, la plupart des vendeuses interrogées estiment que le sacrifice était nécessaire. « Nous avons perdu de l’argent, c’est vrai, mais il y a des choses plus importantes que l’argent. Cette mobilisation était un message fort : nous sommes unis avec ceux qui souffrent à Goma », explique Jeanne, une autre vendeuse de vivres.
Certaines femmes soulignent que, malgré les pertes, cet acte de solidarité a permis de sensibiliser sur la détresse des populations affectées par les violences à l’Est du pays. « Nos produits peuvent pourrir, mais la douleur de ceux qui perdent leurs proches est bien plus grande. Nous avons fait notre part.» ajoute une autre commerçante.
Un engagement qui transcende les pertes.
Ces deux journées ont mis en lumière la résilience et l’humanité des vendeuses de Butembo, qui ont choisi de ne pas voir uniquement les pertes, mais aussi l’impact symbolique de leur engagement. « Nous avons prouvé que nous ne sommes pas seulement des commerçantes. Nous sommes des mères, des sœurs, et nous ressentons la douleur des autres. Ce combat, nous le menons ensemble.», conclut une vendeuse.
Alors que la ville reprend progressivement son cours normal, ces femmes espèrent que leur geste contribuera à faire entendre la voix des populations en détresse. Pour elles, cette mobilisation restera un acte de solidarité inestimable, même au prix de quelques sacs de vivres gâchés.
RYONG MUPIKA