À Butembo, des voix s’élèvent pour défendre les droits des femmes et filles à une éducation complète sur la santé sexuelle et reproductive. Ce dimanche 8 juin 2025, des échanges ont rassemblé des leaders communautaires, des parents, des jeunes et des acteurs de la société civile autour d’un sujet longtemps resté tabou : parler de sexualité avec les enfants, et surtout avec les filles.
L’objectif : briser les préjugés, encourager le dialogue entre parents et enfants, et faire de la santé sexuelle un droit, non un danger. Pour les intervenants, il est urgent d’agir. « Les non-dits tuent l’avenir de nos enfants », a rappelé un participant. Dans beaucoup de familles, le silence autour de la sexualité pousse les jeunes filles à chercher leurs réponses ailleurs, parfois avec des conséquences graves : grossesses précoces, maladies sexuellement transmissibles, violences basées sur le genre.
Ces échanges ont permis de rappeler l’importance d’un dialogue sincère et sans jugement entre parents, enfants et communautés sur les questions liées à la sexualité, à la contraception et à la prévention des violences basées sur le genre. Car le silence, selon les participants, peut coûter cher aux filles. « Dans notre culture, les parents n’ont pas l’habitude de parler de sexualité avec leurs enfants. Cela pousse ces derniers à se lancer dans une sexualité irresponsable avec pour conséquences : des grossesses précoces et non-désirées, des maladies sexuellement transmissibles comme le VIH, etc. », a déclaré l’un des organisateurs de l’activité.
Zawadi Mamy Kavira, gynécologue à l’hôpital de Katwa, a appelé les femmes à s’informer davantage sur les méthodes contraceptives « J’appelle toutes les femmes à utiliser les méthodes contraceptives. Elles n’ont pas de conséquences sur le corps humain. Avant de proposer une méthode, nous procédons à un examen du corps pour voir si elle est compatible avec les anticorps de la femme. Malheureusement, beaucoup ne sont pas informées sur ces méthodes. Il y en a des naturelles et des artificielles. »
Elle a mis en garde contre l’usage de méthodes sans accompagnement médical, et encouragé les femmes à consulter du personnel qualifié
À la fin de ces échanges, plusieurs participants se sont engagés à relayer ces messages dans leurs communautés. « Je m’engage à promouvoir le dialogue entre parents et enfants sur la santé sexuelle et reproductive en famille. L’éducation reçue à la maison est bien meilleure que celle qui vient de l’extérieur. J’appelle donc tous les parents à initier cette pratique pour le bien-être de leurs enfants », a affirmé John Kameta, l’un des participants.
Ces rencontres, organisées à Butembo du 7 au 9 juin, s’inscrivent dans le cadre du projet TUMA+ « Tuhimizane kwa Mabadiliko », mis en œuvre dans la zone de santé de Katwa. Au-delà des mots, c’est tout un appel à repenser la place de la jeune fille dans la société qui résonne à travers ces discussions : celle d’un être libre, instruit et protégé.
Christel Kasoki